Il y a deux ans, au cap fatidique des 30 ans, mon endocrinologue me propose un nouveau traitement "plus léger, plus moderne, et facilitant la perte de poids".
Pas d'antécédent de thrombose connu dans ma famille, c'est parti : Jasmine sort des contes de fées pour devenir ma compagne du quotidien.
Trois mois plus tard, j'arrive un matin au lycée où j'enseigne, fatiguée, essoufflée. Alors que je m'arrête dans les escaliers pour faire une pause, une de mes élèves me demande si je vais bien. Je la rassure, dis que c'est la fatigue et reprend mon chemin. Je fais cours toute la matinée, toujours très essoufflée et devant reprendre mon souffle entre chaque phrase. Alertée par les nombreuses remarques de mes élèves, et sur l'injonction d'un d'entre eux (que je ne remercierai jamais assez), je me rends à l'infirmerie entre midi et deux. Des antécédents cardiaques et mon pouls très élevé poussent l'infirmière à me prendre un rdv chez le médecin généraliste chez lequel on envoie habituellement les élèves souffrants. Deux heures après je suis chez lui. Il constate la fatigue, le pouls élevé et me conseille, soit de rentrer chez moi et de dormir, soit de passer aux urgences "si j'ai le temps, au cas où, mais autrement une bonne nuit de sommeil fera l'affaire." Je n'avais pas le temps mais je l'ai pris, "au cas où", copies dans mon sac et ipod dans les oreilles.
 Vers minuit, batterie de l'ipod à plat, et copies (presque) corrigées, on m'annonce que je fais "une embolie pulmonaire, qu'une sur deux est mortelle et qu'on ne sait pas qu'elle est la mienne." Après le scanner, l'embolie pulmonaire bi-latérale est confirmée. Mes copies et moi-même passons donc une semaine aux urgences sans qu'aucun facteur déclencheur particulier ne soit évoqué, si ce n'est la station assise prolongée pour… corriger… Néanmoins, on me fait arrêter Jasmine immédiatement "par mesure de précaution"…
Deux ans plus tard, un traitement aux anticoagulants, un bon nombre de frayeurs que ça recommence, une impossibilité de reprendre tout traitement hormonal, un passage par les anti-dépresseurs plus tard, j'apprends que peut-être, peut-être, Jasmine aurait dû rester un prénom de conte de fées…