EPILOGUE
Attention, ce que je vais révéler n’est pas vérifié !
Maintenant la tristesse fait place à la rage. Je reprends le contrôle de ma vie.
Un coup de gueule politiquement correct …
En mai dernier, j’ai été victime d’une crise d’urticaire géante. Vous savez, les plaques qui démangent et qui bougent, celles qui vous empêchent de dormir et qui vous font pleurer tellement ce n’est pas agréable. Celles qui vous font appeler votre gynéco pour info : « serait-ce la pilule ? » parce que vous aviez vu avant que c’était dans la liste des effets indésirables… Elle niera toute cause et rappellera ensuite pour avouer que vous avez peut-être raison, sans recommander de l’arrêter.
Pour être tranquille pendant les vacances j’avais pris, avec l’aval de la gynéco, deux plaquettes. Aurais-je accéléré le processus ?
Si vous êtes comme moi, naïve, vous contacterez un allergologue. Vous ferez un bilan sanguin après la prise de la pilule… Il ne révèlera aucune anomalie.
Vous tiendrez un journal alimentaire et rayerez le kiwi de votre alimentation (c’est un fruit allergisant). Votre allergologue niera aussi que c’est dû à la pilule puisque ce n’est pas évident. Un mois plus tard, il dira que dans 90% des cas la crise est inexpliquée car trop d’éléments entrent en jeu et que ce serait trop dur à détecter. Soit !
Donc, urticaire incompréhensible. Mais serait-ce une alerte ?
Votre AVC apparaîtra deux mois après et tout ce qui s’en suit. Je suis peut-être le deuxième cas sur 10 000, mais cela montre que le risque est là quand même ! Ce n’est pas que pour les autres ! Pas de chance pour moi.
Vous êtes jeune, sans antécédent héréditaire, sans surpoids, sans hypertension, pas diabétique, vous ne fumez pas, bref, pas cliente de l’AVC prioritairement. Encore une maladie incompréhensible, donc ; ça fait beaucoup pour quelqu’un de scientifique habitué à ce qu’un problème ait une raison !

Ma mère travaille en pharmacie et a reçu une feuille d’alerte affirmant que TOUTES les pilules avaient l’AVC dans leur liste de risques secondaires, pas seulement la 3ème et la 4ème génération, comme dans le scandale actuel. En écoutant les informations, on croirait que seules ces pilules feraient courir un risque. Faut-il oublier les autres ?
Une émission sérieuse sur France 5 affirmait que les risques apparaissaient dans la première année de prise de la pilule, et qu’il y avait une alerte obligatoire (de toutes formes) avant. Enfin, que le taux de risque de 2 sur 10 000, était minimisé car tous les cas n’étaient pas forcément déclarés. A titre d’information, le risque d’AVC est plus rare mais pas nul pour la 2e génération*,2/10000 contre 4/10000 pour la 3e et 4e génération.
*http://www.lepoint.fr/sante/la-prise-de-la-pilule-devrait-etre-sous-haute-surveillance-06-01-2013-1608976_40.php

Voici les symptômes dont j’ai souffert brutalement et qui doivent faire reconsidérer sérieusement le traitement par pilule :
•       Douleur et sensation de constriction dans la poitrine, avec irradiation possible dans le bras gauche
•       Difficultés respiratoires soudaines
•       Maux de tête inhabituels, sévères ou persistants
•       Première apparition ou aggravation (augmentation de la fréquence ou de la sévérité) d'une migraine
•       Perte visuelle partielle ou complète brutale
•       Vision double
•       Troubles de l'élocution, difficultés à parler ou perte du langage
•       Vertiges
•       Perte de connaissance, pouvant être associée à une crise d'épilepsie
•       Faiblesse soudaine ou sensation d'engourdissement d'un côté du corps ou d'une partie du corps
•       Troubles des mouvements (troubles moteurs)
•       Vomissements
•       Douleur abdominale sévère et intolérable.
(Vu dans la notice de ma pilule Leeloo)
Voyez que je n’invente rien ! Des AVC il y en a plein de sortes, le mien n’a pas prévenu…

Pas besoin d’être une amie du neveu d’Irène Frachon, la pneumologue qui s’est battue contre le médiator, pour comprendre les analogies.
Mais ce n’est peut-être qu’une coïncidence remarquable…

Promettez-moi, les femmes…
•       De toujours faire un bilan sanguin AVANT la prise de pilule, même sans antécédent et quitte à le réclamer à votre médecin.
•       De ne pas sous-estimer le moindre effet secondaire. Une amie (portant des bas de contention) a eu l’audace de prendre la décision de changer de pilule contre l’avis de son gynéco car en passant des analyses elle s’était rendue compte qu’elle ne passait pas loin de la phlébite. Depuis le changement de pilule, RAS. Simple constat.
•       Faites-vous confiance. J’ai fait l’expérience de négliger les risques. Vous pouvez être victime de tous les maux de la terre, je vous assure que votre corps ne vous trahira pas, écoutez-le.

Je ne peux accepter que cette peur de mon entourage et que ma vie froissée ne servent à rien. Je veux être utile à quelque chose, aider à faire connaître les risques pour anticiper quand c’est possible. Tomber dans la fatalité ne résoudra rien.
Quand on a un problème, on l’évacue mieux quand on est sûre de la cause, ou quand on a quelqu’un sur qui rager. Moi, même si je n’en mettrais pas main à couper, je crois que c’est la cause de mon AVC ! C’est psychologique, sinon c’est trop insupportable de ne pas connaître le pourquoi du comment. Comme des parents qui ne peuvent faire le deuil tant qu’ils n’ont pas trouvé l’assassin de leur enfant, j’ai besoin de savoir pour tourner la page, rebondir et avancer.
Une chose est sûre pour moi, même si je ne la condamne pas, plus jamais de pilule !
Et je ne suis pas la seule à le penser*…

*http://www.lepoint.fr/sante/pilule-des-temoignages-accablants-21-01-2013-1618364_40.php

Bonjour Monsieur/ Madame,

Ceci est l’épilogue de mon livre*.
Oui, je suis convaincue que mon AVC est dû à la pilule. D’ailleurs être la seule fille de 24ans dans l’unité de l’hôpital, c’est franchement bizarre.
Ce n’est plus pour moi que je dis ça, c’est évidemment pour les autres.
De savoir qu’une autre vie pourrait être brisée me soucie. La confiance « sacrée » que j’avais envers les médecins est rompue, je sais maintenant que sans doute pour toutes sortes de bonnes raisons, financières peut-être, ils n’informent pas leurs patients de tout que qui les concerne. Je m’en suis rendue compte trop tard, beaucoup trop tard.

Mais je vous promets que mon combat ne s’arrête pas là. Une certaine rage m’envahit maintenant. Je pense sérieusement avoir recours à la justice. Et c’est pour cela que je viens vers vous.
J’ai vu l’  « emblématique victime », Marion Larat, à Bordeaux, elle m’a encouragé dans ce sens. C’est elle qui m’a donné vos coordonnées.
Je commence à rassembler les papiers pour le dossier d’indemnisation par la société nationale (ONIAM). J’ai rdv avec mon neurologue le 27/08 prochain, je lui demanderai mon dossier médical et un justificatif comme quoi j’ai incapable d’exercer mes études pendant 1 an. J’ai déjà un papier mais il n’y a pas inscrit de durée.
L’ordonnance de ma pilule Leeloo gé est jetée par rage. Je vais voir si ma pharmacie peut la récupérer. Je dois également retrouver les papiers de l’allergologue pour prouver que j’avais eu ma crise d’urticaire.
Que dois-faire d’autre ?

Je ne peux remercier personne de m’avoir cloué au lit pendant 5 mois, tétraplégique et aphasique. Mais Dieu merci, je m’en sors miraculeusement bien. Pas comme toute ces éclopées ou parties. Mesurez la chance de pouvoir parler/courir/manger/écrire et j’en passe. A 24 ans, vous avez peut-être envie de faire autre chose que d’apprendre à vous brosser les dents ou à écrire en alignant des feuilles comme au  CP.