A 17 ans, je vais pour la première fois chez une gynécologue, accompagnée de ma mère. Nous souhaitons avoir des informations sur la prise de la pilule contraceptive.

Durant ce rendez-vous, la gynécologue est interrogée par ma mère :  » Ma fille fume, cela fait-il augmenter le risque d’AVC? »
Sa réponse : non, avant 30 ans le risque est de 0.

On me prescrit Optilova, sans suivi, sans prise de sang ni avant, ni pendant. Je prends donc cette pilule de l’été 2015, jusqu’au 4 avril 2016. Durant cette période, je perds totalement ma libido, je ne peux plus porter de lentilles de contact car cela assèche mes yeux… C’est peu agréable, mais je suis protégée avec mon petit copain.

Le dimanche 3 avril 2016, je viens à peine d’avoir 18 ans, je pars à Paris pour deux jours. Je me réveille seule le lundi matin, j’ai le petit doigt engourdi, je vais me recoucher. Quelques minutes plus tard dans le lit, je cherche à attraper mon téléphone, je le souhaite très fort, très fort, mais rien ne se passe. Je prends mon bras gauche de la main gauche, je le lève, et lorsque je le lâche, il tombe. Je ne sais pas combien de temps je suis restée à me demander ce qu’il se passait, je me rends compte que plus rien de mon côté gauche ne fonctionne. Je tente d’appeler les ambulances, mais je ne parle plus français, je bredouille des bruits. J’essaye de me lever, je tombe par terre, incapable de me servir de la moitié de mon corps, je hurle. La soeur de mon copain de l’époque arrive, prends le relais téléphonique.

Les ambulances arrivent, pendant ce temps, Clémence m’empêche de m’endormir lorsque je commence à perdre connaissance. Puis les ambulances arrivent, voient mon visage à moitié fonctionnel.  » Un AVC ? Mais elle est trop jeune… » On m’emmène à l’hôpital, sur le chemin je retrouve déjà toutes mes capacités, mais lors du scanner, le diagnostic est sans appel, le caillot est là. On me met dans une chambre, seule dans Paris, où l’on me fait une thrombolyse. Le médecin appelle mes parents qui croient à une blague, mais non c’est bien réel, je suis bien là dans cette chambre, durant une semaine, à subir tous les examens inimaginables et possibles.  Au bout de 5 jours d’hospitalisation, de nombreux test, rien.

Alors voilà ce qu’on me dira  » Mademoiselle, cela est très rare, mais ça arrive même aux jeunes, votre AVC est dû à la prise de la pilule ».

Cette année, ça fera 5 ans. Et bien que je m’en sorte sans handicap physique, on m’a dit que j’avais un syndrome de stress post-traumatique, il y’a encore deux ans. Je me bats tous les jours pour ne pas y penser, ne pas pleurer lorsque j’ai des fourmis dans le pied, ne pas paniquer lorsque je me réveille et que je me sens très fatiguée, ne pas stresser lorsque j’ai une migraine ophtalmique. Je me bats pour faire comme si cela n’était pas arrivé. Comme si prendre la pilule, ce que presque toutes mes amies font, n’a pas failli me tuer.