J’avais 16 ans quand on m’a prescrit la pilule Diane 35 pour des cycles extrêmement douloureux. On me l’a vendu comme un contraceptif utilisé chez les jeunes filles qui avaient ce genre de problème, qui en plus traitait les problèmes de peau. Bien évidemment on ne m’a demandé ni prise de sang, ni antécédents familiaux.

J’ai passé 4 ans d’horreur, à avoir des migraines absolument insupportables à se frapper la tête contre un mur, des troubles de la vision avec parfois des trous noirs, et surtout des palpitations et des vertiges incessants. Plusieurs fois j’ai atterri aux urgences dans un état de décomposition total avec le coeur prêt à sortir de la cage thoracique.Je suis même montée à 22 de tension avec des convulsions de la tête aux pieds. A aucun moment la pilule n’a é évoquée, on m’a toujours dit que je faisais des crises d’angoisse, qu’il fallait que je prenne sur moi, que je mange sainement et que je me détende (sic). Et après un électrocardiogramme correct on me laissait rentrer chez moi.

J’ai commencé à devenir insomniaque à cause de mes violents maux de tête et mes palpitations qui me réveillaient la nuit, puis petit à petit complètement dépressive. Plus de libido du tout avec des rapports extrêmement douloureux. Une envie de mourir, des idées noires, puis j’ai fini par devenir complètement agoraphobe, car j’avais peur de m’évanouir n’importe où, et à rester cloitrée chez moi.

J’ai fini en désespoir de cause par aller pleurer chez ma gynécologue que j’ai supplié de me changer de pilule car mes règles étaient redevenues à nouveau insupportables. Elle m’a donné cette nouvelle pilule, plus « naturelle », toujours sans prise de sang ou questionnaire poussé.

Quelques semaines plus tard je commençais à m’essouffler pour rien et à avoir du mal à marcher, je cherchais constamment mon souffle. Mes jambes me faisaient souffrir le martyre et étaient constamment gonflées ou bleues. Je mis ça sous le compte de l’angoisse comme on me l’avait sagement appris. Puis je me suis tordu le genou et ayant trop de difficultés à marcher j’ai fini par prendre des béquilles, que l’on m’a donné sans me demander si je prenais la pilule.

Une semaine après m’être tordu le genou j’arrivais aux urgences avec une phlébite et une embolie pulmonaire, à quelques heures près c’était fini pour moi. On ne raconte pas assez le calvaire de ces longs mois d’anti coagulants, de prises de sangs, de piqûres, de scintigraphie…

Aujourd’hui je porte toujours des bas de contention, trois ans après. Je suis incapable de faire sans. Je m’essouffle encore très rapidement.Je vis dans la peur perpétuelle, tout comme n’importe quelle personne qui a échappé à la mort de très peu. Dans mon cas le cause à effet est tronqué par le fait que j’ai eu des béquilles. Alors que mon genou tordu m’a permis de consulter pour quelque chose qui était déjà installé et qui n’aurait mis que quelques jours de plus à se déclarer sans cela.

Je me dis finalement que ma phlébite m’a sauvé la vie, sans cela je n’aurais jamais su que tous mes symptômes venaient de la pilule. On m’a fait culpabiliser pendant des années, on m’a dit que je simulais, que j’angoissais et qu’il fallait me détendre… Il n’y a pas de mot pour décrire le néant, l’humiliation, la rage que l’on ressent aujourd’hui quand on voit ces pilules retirées du marché. J’en veux à la terre entière d’avoir bousillé mes plus belles années, de m’avoir rendu coupable de symptômes qui étaient plus qu’évidents …