Bonjour,

Je souhaitais moi aussi apporter ma pierre à l'édifice en témoignant.

Un matin d'août 2013, je me réveille avec une douleur terrible dans le dos du côté gauche qui irradie l'épaule et le cou. La douleur était telle que le fait de m'allonger ou de faire un mouvement brusque m'arrachait un cri. L'inspiration, le rire ou l'éternuement étaient également particulièrement douloureux. Un généraliste sur mon lieu de vacances pense à une névralgie et me donne des anti-douleurs qui n'y feront rien. Cette crise dure 10 jours. Puis réapparaît 2 fois en septembre et en décembre me laissant des douleurs chroniques, une fatigue intense et une sensation de ronronnement dans le dos.

Je fais finalement une radio thoracique puis un scanner, les médecins voient un comblement alvéolaire inexpliqué. Un pneumologue me met sous anti-biotiques pour traiter une éventuelle infection pulmonaire. Au dernier moment il évoque l'embolie sans y croire et me prescrit un dosage des d-dimeres. Ils seront légèrement positifs mais rien d'alarmant (550). Je ne fume pas. Je n'ai pas fait de phlébite. Je ne tousse pas. Le 2ème scanner de contrôle ne montre pas d'amélioration mais la radiologue suggère l'existence de séquelles dues à un infarctus pulmonaire (?!) mais elle ne voit pas vraiment d'embolie. Pas de cause donc. Je suis de plus en plus essoufflée et je sens battre mon cœur fort dans ma poitrine. Ma pression artérielle est élevée et mes pulsations cardiaques atteignent 120/min au repos. Les marches du métro me paraissent insurmontables, je ne peux plus faire de sport, j'ai du mal à récupérer, je suis fatiguée, inquiète et  renfermée sur moi-même. Je sais que quelque chose ne va pas. On dose  de nouveau les d-dimères, ils ont augmenté (630). Ma généraliste me demande d'arrêter ma pilule d'urgence. Je fais alors une scintigraphie qui révèle l'existence d'embolies pulmonaires bi-latérales multiples de type distale. Je suis hospitalisée 4 jours fin février et on me met (enfin) sous anti-coagulant (Xarelto).

Les médecins m'expliqueront après le résultat négatif de mon bilan de trombophilie que ma pilule Trinordiol était mon seul facteur de risque. Je ne fume pas et je n'avais jamais été informée qu'un tel accident pouvait se produire sous pilule (de 2ème génération qui plus est). Je suis restée 7 mois sans diagnostic, 7 mois pendant lesquels j'ai continué de prendre la pilule parce que je ne savais pas, parce que les médecins n'osaient pas établir ce diagnostic sur une patiente jeune qui ne présentait aucun facteur de risque, si ce n'est la pilule, prise par la plupart des filles de mon âge… Je prenais Trinordiol depuis mes 18 ans.

Je remonte la pente petit à petit et la guérison est longue mais j'espère pouvoir aider d'autres femmes avec ce témoignage. Trop d'accidents restent malheureusement silencieux. Or les risques existent et chacune devrait en être clairement informée.