Le 18/09/2011

 

Lettre ouverte à Madame Bérengère Poletti

députée et vice-présidente de la délégation aux droits de la femme.

 

Madame,

C’est avec une attention particulière que j’ai lu Le rapport d’information n° 3444 de mai 2011 fait au nom de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes sur la contraception des mineures.

Tout d’abord, permettez-moi, Madame, de me présenter. Je m’appelle Pierre Markarian, je suis président de l’association AVEP (Association des Victimes d’Embolie Pulmonaire) et le créateur de l’association qui a vu le jour après le décès brutal de ma fille Théodora Markarian le 14 /10/2007, à l’âge de 17 ans, des suites d’une embolie pulmonaire massive déclenchée par la prise de la pilule contraceptive Mercilon, pilule de troisième génération. La responsabilité pleine et entière de la pilule fut reconnue par le CRCI du Rhône suite à notre recours.

Je voudrais insister sur le fait que ce type de contraception fut administré à ma fille par l’intermédiaire d’un médecin du planning familial sous couvert de l’anonymat selon la Loi Aubry. Ce médecin était une jeune femme, car vous mettez beaucoup d’espoir sur la féminisation du corps médical comme un plus pour un meilleur échange (page 20 de votre rapport). Une professionnelle représentante de la Loi Aubry, censée protéger moralement notre enfant puisqu’elle supplantait l’autorité parentale. Elle était censée être garante de la santé de ma fille par la connaissance du médicament contraceptif appelé pilule, trop souvent présenté comme une méthode dans un éventail d’autres possibilités, considéré comme le meilleur pour la limitation des grossesses non désirées et dont les seuls inconvénients véritablement reconnus en 2007 étaient de faire grossir! Ma fille mineure a donc pris la contraception sans l’autorisation préalable de ses parents, ce qui a abouti 2 mois et quatorze jours plus tard à son décès (cette méthode lui avait été prescrite le 01/08/2007…).

Le planning familial, avec ses 30 ans d’expérience, est l’acteur incontournable de votre rapport (page 12 de votre rapport). Pourtant, quand huit mois plus tard, nous avons demandé des explications au médecin du planning : pour quelle raison avait-elle donné une pilule de la troisième génération qui est trois fois plus emboligène que les deuxièmes générations (cf. HAS 2010), elle nous a répondu « qu’elle n’avait que cette pilule en stock ». Elle n’était pas responsable de notre drame, que c »était la faute à pas de chance et que ma fille avait fait un choix. Enfin « Monsieur débrouillez-vous avec le cadavre de votre fille ». Donc d’après ce médecin, ma fille était consciente des risques qu’elle prenait, à savoir mourir à 17 ans dans des conditions de souffrances morale et physique que je ne décrirai pas.

Depuis la mise en ligne du site de notre association, le 12 novembre 2010, nous avons été contactés par plusieurs parents ayant perdu leur fille par embolie pulmonaire sous contraceptif oral. La dernière jeune femme dont le père a contacté notre association est décédée le mois d’avril 2011 à l’âge de 21 ans, seule dans sa chambre d’étudiante. Uniquement dans notre circonscription de moins de 100 000 habitants, j’ai déjà connaissance de 5 décès par contraceptif (la plus âgée avait 25 ans), sans parler des cas dont je n’ai pas eu connaissance et qui ne sont pas répertoriés bien que reconnus par le corps médical.

Vous parlez du droit des femmes à gérer leur sexualité et leur désir de grossesse, mais de quelles femmes parlez-vous et pour quel droit de la femme militez-vous? Le droit de mourir dans l’anonymat?

Je vous prie de noter qu’il n y a pas eu une seule ligne ni un seul mot dans la presse pour ces jeune filles ou jeunes femmes décédées, alors que le moindre fait divers est amplement développé. Pas de cellule psychologique pour les parents, frères et sœurs, ni les camarades de classe et notamment quand est abordé rapidement le prélèvement d »organes.

Pour quelle égalité des chances homme/femme militez-vous ?

A ce jour, nous ne connaissons aucun homme décédé par embolie pulmonaire ou AVC avec comme facteur déclenchant la pilule contraceptive.

Dans la page 5 de votre rapport, vous dites: « la Délégation consacrait deux rapports à ce sujet, posant à chaque fois le problème particulier de l’information et l’accès des mineures à la contraception ».

Très juste, le problème particulier de l’information! Car Madame Poletti, le problème central de tous ces malheurs, qui pour la plupart auraient pu être évités, c’est bien l’information.

Je doute également que vous ayez entendu parler d’hypercoagulabilité?

Quel est le nombre de nos concitoyens porteurs d’anomalie d’hypercoagulabilité ? Je vous donne le chiffre : environ (10%) soit 6 millions de personnes pour ce qui concerne notre pays.

Dans les notices des contraceptifs, les laboratoires signalent: «contre indication absolue: l’hypercoagulabilité».

Donc, sur 7 millions de femmes utilisatrices de la pilule contraceptive dans notre pays, 700 000 ne devraient jamais prendre la pilule contraceptive (les 10% porteuses d’hypercoagulabilité) et ce n’est pas Monsieur le professeur Nisand qui pourra me dire le contraire. Surtout les contraceptifs de la troisième génération qui sont les plus emboligènes (cf HAS 2010).

Mais voila, pas d’info. Ni le planning familial, ni les gynécologues, dont le très médiatique professeur Israël Nisand, ne font mention de ces risques. Et surtout, il ne faut pas dire du mal de la pilule! laquelle n’a pas été conçue pour donner la mort. Sauf que, depuis l’origine, il y a eu des décès par défaut de dosage. Décès trop nombreux dont le grand public, bien sûr, n’a pas été informé !

Dans votre rapport (page 6), vous vous insurgez sur le fait que certains généralistes ou gynécologues continuent à pratiquer un examen gynécologique avant une première prescription contraceptive et les professeur Nisand et Mares qualifient cet examen de viol!!! (toujours la page 6 de votre rapport).

Et bien Madame, pour moi, dans ce cas, la rétention volontaire d’information concernant les risques mortels de la contraception orale est synonyme de meurtre avec préméditation !

Toujours à la page 5 de votre rapport: « En octobre 2010, coup de colère du grand professeur et humaniste Israël Nisand, chef du pôle gynécologie de Strasbourg.

Madame Poletti, posez donc la question au professeur et demandez-lui s’il propose bien, en âme et conscience, une information complète et impartiale sur les risques liés à la prise de la pilule contraceptive lors de ses prescriptions? Est-ce qu’il parle de l’hypercoagulabilité à ses clientes en sachant qu’en Alsace 15 à 20 % de la population est porteuse de cette pathologie (document INSERM 2001 disponible sur le site de notre association).

Je vous signale que les décès sous contraceptifs oraux existent également sans hypercoagulabilité, même si les conséquences mortelles sont moins rapidement développées.

En page 6, vous regrettez que les parents soient souvent absents du débat, mais encore faudrait-il les inviter ou les solliciter. Dans la liste des personnes auditionnées par le rapporteur, il n y a pas un seul représentant de parents d’élèves. Vous les avez exclus délibérément et vous dites qu’ils ne s’intéressent pas à leurs enfants?

Après le décès de ma fille, nous avons cherché à contacter l’INPES, l’AFSSAPS et d’autres (je peux vous fournir la liste). On ne m »a jamais pris au sérieux.

Madame, notre association existe depuis le 02/06/2009 et nous sommes sur internet depuis le 12 novembre 2010 et pourtant vous nous avez ignoré. Pourquoi?

Parce que nous sommes une voix dissonante pour votre rapport? Pourquoi avoir choisi le professeur Nisand comme seul interlocuteur et pas un autre Angels Camp professionnel de santé qui aurait eu un avis contraire à défendre? Parce que vous ne voulez pas d’avis contraires, ou de réserves?

Voilà la triste et lamentable vérité. Vous n’avez pas consulté le corps enseignant non plus alors que vous mettez en cause leurs compétences et leur capacité de dialogue avec les élèves sur ce sujet sensible.

En page 21 de votre rapport, vous dites: « C’est pourquoi, la question d’une démédicalisation de la contraception pour les jeune femmes de moins de 35 ans est aujourd’hui posée ». Rappelant «les contre-indications contraceptives pour cette population sont extrêmement rares et peuvent facilement être repérées, les professeurs et les grands humanistes disent…».

 

Mensonge éhonté. Que signifie extrêmement rare? Le chiffre de mille décès par an par embolie pulmonaire sous contraceptifs dans notre pays dément l’extrême rareté (voir la dernière page de notre rapport Estimation chiffrées).

Il vous en faut plus? On peut y ajouter les décès par AVC et la recrudescence de certains cancers sous la pilule contraceptive.

Ces « éminents » scientifiques nous disent qu’ils peuvent facilement repérer une embolie pulmonaire, mais alors comment expliquent-ils que sur 100000 cas d’embolies pulmonaires par an, il y a 20000 décès et 90% des décès se situent dans la période inaugurale?

Je vous signale également qu’il n y a pas de statistiques pour les décès par embolie pulmonaire sous contraceptif oral en France depuis 1966. Donc, comment ces grands professeurs peuvent prétendre que c’est extrêmement rare et vous-mêmes comment pouvez-vous affirmer ces allégations en absence de toute statistique nationale?

Le Dr Elen Grant qui avait contribué en Grande-Bretagne au développement des contraceptifs chimiques au début des années 60, a par la suite écrit un livre intitulé « Amère pilule pour en dénoncer les dangers (accident vasculaire, surcharge hépatique entre autres) ». Dans la préface de l’édition française, le Pr Lucien Israël, célèbre cancérologue français, notait: « Les deux mérites essentiels de ce livre sont à mes yeux de souligner les dangers réels de la pilule, et d’autre part de montrer, indirectement, que le bouleversement des équilibres naturels comporte toujours obligatoirement un prix à payer… ».

Vous faites allusion à l’expérimentation menée à Londres depuis 2009. Je peux vous affirmer que les statistiques obtenues grâce aux expérimentations dans les pays anglo-saxons nous amènent directement à plus de mille décès par an sous contraceptifs oraux en France.

Dans la page 20 de votre rapport, vous dite; « A la suite des amendements déposés par votre rapporteur, la compétence de la prescription contraceptive a été étendue aux 20 000 sages-femmes » et plus loin « Ce texte a par ailleurs ouvert la possibilité du renouvellement d’une ordonnance des contraceptifs oraux par les pharmaciens et les infirmières ». Pour ce qui est des pharmaciens et des infirmières que j’ai côtoyés après le décès de ma fille, et je peux vous assurer d’un nombre important, pas un seul n’avait entendu parler d’hypercoagulabilité ni de décès par embolie pulmonaire ou AVC sous contraceptifs oraux. Et il semblerait que vous, non plus, qui avez pourtant une formation de sage femme, ni les personnes composant votre commission puisqu’il n y a pas un seul mot dans votre rapport à ce sujet. A moins que vous ne fassiez l’impasse volontairement sur le problème parce ce ne serait pas «politiquement correct».

Donc les réticences du Conseil National de l’Ordre des médecins et de Madame Nora Berra (actuellement Secrétaire d’état à la santé) sont parfaitement justifiées. Surtout lorsqu’on voit des médecins, voire d’éminents professeurs, vendre leur âme au diable pour quelques poignées d’euros.

Madame, vous vous posez en défenseur championne des adolescentes en détresse. Qu’avez-vous à dire aux parents qui ont perdu leurs filles. Des gamines qui ont écouté les chants des sirènes qui leur promettaient, selon le slogan favori du planning familial : «la pilule, c’est la pomme sans les pépins!»: Elles ont croqué la pomme empoisonnée, les princes ne les ont pas ranimées, les médecins compétents n’étaient pas là pour la plupart d’entre elles puisqu’une grande partie est décédée! (vrai problème de prise en charge!). Mais les spots continuent encore «la pilule, c’est simple pas la peine d’en parler à ta mère!»: Seulement, lorsque la catastrophe arrive, il ne reste que des parents condamnés à la peine éternelle.

« On ne pouvait pas savoir, vous n’avez pas de chance », voilà les mots de consolation que j’ai entendus et d’autres parents aussi.

D’ailleurs, quelle est la légitimité de cette commission qui se permet de nous voler nos enfants en bonne santé et de nous les rendre morts en se prétendant les bienfaiteurs de l’humanité?

Le 13 février 2007, dans l’émission «C dans l’air», le professeur Nisand Israël dit, je cite: « Depuis le 23 janvier 1975, on ne voit plus mourir plus aucune femme pour avoir aimé un homme ».

Décidément, le professeur Nisand adore les contre-vérités ou alors il ne parlait que des décès par IVG. Parce que le nombre de décès estimé de la contraception orale depuis 1975 jusqu’à nos jours est de plusieurs milliers de femmes mortes en France sur l’autel de la contraception (jeunes femmes de préférence).

Madame, ma fille était mineure et tout s’est fait dans notre dos, à nous ses parents. Les biens-pensants se sont évaporés et nous, les parents, en avons pris pour la perpétuité.

 

Madame, je m’insurge contre votre rapport qui ne parle pas une seule fois des risques de la contraception orale, qui ne met pas en évidence l’obligation d’information sur les dangers mortels de la contraception orale et sur les symptômes qui doivent alerter les jeunes femmes et les adolescentes, car leur pronostic vital est engagé et que les minutes sont comptées. Je m’insurge également contre la Loi Aubry 2001. Madame Aubry se targue d’avoir fait beaucoup pour la jeunesse, donc on peut lui dire: «celles qui sont mortes (plusieurs milliers) grâce à votre loi vous remercient ».

Madame, la pilule contraceptive est un médicament. Ce n’est donc en aucun cas « un simple bonbon ». J’attire en outre votre attention sur le fait que, légalement en entérinant une loi sur l’anonymat, l’Etat se met dans l’obligation de gérer des situations de crises engendrées par une loi mal ficelée car sans garde-fou. Alors qu’une information bien adaptée et un dépistage systématique d’hypercoagulabilité pour les mineures sans l’autorisation parentale dont la prise en charge serait assurée par les laboratoires pharmaceutiques, puisqu’ils sont les premiers bénéficiaires de la vente des pilules, éviteraient beaucoup de décès.

Comment peut-on s’accommoder avec la mort de toutes ces jeunes femmes, dont le seul tort était d’être amoureuses, sous prétexte de fatalité.

Où sont les vraies féministes? Où est cette égalité des chances hommes/femmes. Ces jeunes filles et femmes ont eu la quadruple peine. Mensonge d’état, rêves brisés, la mort et l’oubli. Les princes charmants les auront vite oubliées.

Madame, je vois avec étonnement que votre délégation est composée majoritairement de femmes et je constate que, paradoxalement, ce sont les femmes qui sont les moins féministes.

Je suis prêt et souhaiterais débattre avec vous et le très médiatique professeur Nisand.

Je suis un père en colère, à qui on a volé la vie de sa fille et je ne suis malheureusement pas le seul.

Alors de grâce, Madame, je compte sur vous: Prenez vos responsabilités, n »attirez l »attention que par votre efficacité pour que des parents ne pleurent plus la disparition de leurs êtres chers par la faute d »un système mal organisé et entretenu avec intérêt par certains spécialistes.